Je suis devenue mère très lentement.

 

Quand j’ai découvert mon bebe, non, je n’ai pas eu de coup de foudre instantané, pas de cœur qui explose d’amour, pas de larmes de joie… Absolument rien de ce qu’on m’avait promis en somme…

J’ai ressenti un gros décalage entre ce que je m’étais imaginée et ce que je ressentais en vrai.

Comme un temps d’arrêt où on ne sait pas trop ce qui va suivre, comment on va réagir, ce qu’il va se passer. Un peu déboussolée la jeune maman.

 jessica rambure - blog matrescence

J’ai eu beaucoup d’angoisses sur l’amour maternel avant de tomber enceinte.

Est-ce que j’allais vraiment aimer cet enfant ? Moi qui me suis posée tellement de questions sur l’amour… 

Puis dans les heures qui suivent l’accouchement, je sens naitre au creux de mon ventre quelque chose d’animal, un instinct de protection, une vigilance de tous les instants, quelque chose de chimique qui me pousse à remettre le nez dans son cou pour sentir son odeur, l’envie de toucher sa peau, de regarder ses pieds.

Mon cerveau limbique prend doucement mais sûrement l’avantage sur mes questions métaphysiques à propos de l’amour maternel.

 

Et puis cette nuit de java seule avec lui, qui me fait entrer sans que je m’en rende compte dans la peau d’une mère.  Aux aguets, hyper vigilante, la peur agrippée au ventre qu’il s’étouffe dans ses glaires, le doigt scotché dans sa bouche pour apaiser ses pleurs.

J’ai dormi 20 minutes pour fêter ma première nuit de mère.

Même pas mal, même pas fatiguée.

matrescence - jessica rambure

 

Cette nuit, qui aurait été hyper éprouvante dans d’autres circonstances, a été indolore pour moi.

Ce n’est plus la question. Ça ne le sera plus jamais.

 

Toute mon attention est dirigée vers lui maintenant.

Et pourtant, je ne l’aime pas encore, pas comme je pensais que ça arriverait en tout cas.

 

Les jours passent, et puis je réalise une première fois « Purée, il me fait trop craquer en fait ».

Et puis, le tsunami me tombe dessus. Je me sens submergée par une immense vague d’amour, un besoin « tripal » de sentir mon bébé, d’être avec lui, de l’avoir contre moi. Je me sens comme une louve, comme une lionne.

Je suis touchée, ça y est, plus de retour en arrière possible.

Mais il n’y a pas que du miel et des p’tits cœurs trop mignons dans cette vague, non non…

Il y aura aussi quelques temps plus tard de la peur, de la tristesse, des angoisses, beaucoup de solitude, les tourments de mon histoire, et puis mon ventre qui se tord quand il est malade.

C’est violent, vertigineux. Je me prends un 38 tonnes en pleine poire.

C’est donc ça être mère… TOUT ça…

 

Je n’ai encore rien vu, rien vécu, mais je sais déjà que je suis entrée dans un nouveau monde, je sais déjà que ça ne sera pas facile, je sais aussi qu’il y a maintenant un fil invisible qui me relie à une autre personne pour toujours, et que mon bien-être sera désormais conditionné au sien.

Je sais que je ne serai plus jamais totalement sereine.

Mais, je ne sais pas encore que je vais AUSSI vivre un voyage intérieur parfois très dur mais essentiel, à la découverte de moi-même, de ce que j’ai été, de ce que je suis, de ce que je veux devenir, grâce à ce petit être qui a choisi mon ventre pour venir sur Terre.

Et je l’aime encore plus pour ce cadeau.

Il me faudra 2 ans pour VRAIMENT me sentir mère, pour me décoller de la petite fille que j’étais et embrasser avec confiance et sérénité cette nouvelle identité de mère.

2 ans pour ne plus être étonnée quand il m’appelle « mamaaaann !!! », 2 ans pour me sentir capable, à la hauteur, pour réaliser, quoi que je fasse en bien – foiré- parfait – mal, que je reste avec son papa la meilleure personne au monde pour lui.

Cette histoire a débuté il y a 6 ans et je n’ai rien oublié. La maternité est une véritable révolution intérieure, ambivalente, joyeuse et difficile, et je mesure chaque jour la chance que j’ai de vivre ce voyage.

Nous sommes des femmes, nous sommes des mères, et nous sommes puissantes.

 

La matrescence est un processus qui prend du temps, un temps variable en fonction des personnes et de leur histoire.

C’est pourquoi je vous partage ici un bout de mon intimité, pour toutes les femmes qui sont dans ce même train et celles qui s’apprêtent à y monter.

 

 

 

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